Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, jay receu la lettre quil vous a pleu escrire dattée à Moyrenc du XIIe
2d’aoust et pour responce à icelle, je vous diray, monsieur, que jay eu bien grand
3regret que le chemin de monsieur le cardinal Allexandrin ne sest adressé par le
4de Casenove et de Gordes, mais il vousit prendre le chemin de Pertuys,
6et ce par lavis de monsieur de Sct-Gouar que sa majesté luy despecha pour le
7recevoir à lentrée de son estat et laccompaigner iusques à lissue d’icelluy ;
8et à mon retour, iestoys deliberé de satisfaire à ce devoir là, mais monsieur
9de Carpentras et mon cousin de Saincte-Jalle me forcèrent de passer par
10chez eulx, m’allegantz que je voyois plus souvent madame de Gordes que je ne faisois eulx,
11aultres maisons, de manière que les remonstrances que je leur peux faire
13n’eurent point de lyeu. Toutesfoys, monsieur, sil eust agy de votre
14service, j’eusse bien delaissé touttes ces remonstrances là pour y satisfaire ;
15ce pendant, j’ay eu ce bon heur davoir veu et conneu monsieur d’At votre
16frère, que j’estime estre ung des plus grandz contentementz que jaye receu
17en ce voyage, pour les vertuz, bonté et preudhomie que Dieu a mises en
18luy et pour voyr notre ordre honnoré dune telle personne. Que pleust
19à Dieu que touttes les nominations qui se font pour le jourdhuy à semblables
20charges que la sienne fussent aussi de personnes de semblable calibre et
21suffisance. Au demeurant, monsieur, je vous veux bien avertir comme
22monsieur le cardinal Allexandrin m’a faict entendre le grand contentement
23que sa Saincteté à eu de tous voz depportementz, mesmement au dernier
24faict d’Orenge, duquoy, il vous remarque pour bon serviteur de Dieu
25et de votre roy ; et je ne doubte point (au langage que je luy en ay
26[v°] ouy tenir) que sa Sainteté avoit moyen de vous faire paroistre la bonne volunté
27quil vous porte, qu’il ne le fit et aussi mondit seigneur le cardinal Allexandrin
28pour les honnestes offres que vous luy fites de laccompagner par tout votre
29gouvernement sil en avoit besoin, chose quil a bien remarquée,
30mesmement quil n’a trouvé telle courtoisie ailleurs où il a passé, hormis
31de monsieur de Joyeuse qui se laissa persuader par monsieur le cardinal
32d’Armaignac et sieur de Sct-Gouar et moy que sa majesté auroit très agreable
33quil l’accompagnast iusques à Montpellier, ce quil a faict, non
34que je ne soys asseuré quil n’eut ceste mesme bonne volunté, mais
35j’entens qu’il y en y avoit qui voulloient mettre en consideration que ouis
36que [mots barrés] monsieur le conte de Tande n’avoit faict ce compliment pour estre occupé ailleurs pour
37les affaires de sa majesté, qu’aussi ne se devoit il mettre en plus grand
38paine. Or parmy ces traictez, il passa quelques jours et luy qui est
39assez prudent et accord commença d’en avoir quelque presumption
40et dentrer en doubte de passer plus oultre, ou bien de passer à la
41desrobée en poste ; mesmes causant le mauvais nom quà la ville
42de Nismes, ou monsieur de Joyeuse mesme ne l’a voullu passer
43à cause du peu dobeissance que jentens que rend ce peuple là aux
44edictz de sa majesté et quil eut doubte que là il n’eust receu quelque
45indignité, dont sa majesté eu peu estre desplaisant. Or, monsieur,
46voyla sommairement tout le discours de notre petit voyage. Je
47à Beaucayre. Maintenant je suis de retour en ce lyeu, Dieu mercy,
49avec la mesme bonne volunté que jay tousiours eue de vous faire
50très humble service. Jay entendu, monsieur, que vous estes
51[f°38] en volunté de venir ung de ces jours à Rousset pour faire baptiser
52ung des enfans de monsieur de Rousset. Je cuide bien, monsieur
53puisque vous serez si près d’Ambrun, que si aumoins vous ne prenez la
54paine de venir iusque là pour l’amour de moy, que ce sera pour venir
55gaigner les pardons à Notre Dame ; et parce qu’on ne les peult
56gaigner sans faire penitence, si vous ne la faictes par les
57chemins, vous la ferez sur le lyeu en une maison qui est
58votre et là où vous avez toutte puissance et sur tout ce qui
59en deppend. Je vous supplie, monsieur, de me tenir tousiours
60en votre bonne grace, à laquelle je me recommande très humblement
61et prie Notre Seigneur quil vous veult donner
62monsieur, en très bonne santé longue et très heureuse vie. D’Ambrun, le
63XXVIIIe d’aoust 1571
64Votre très humble allié et serviteur
65G. davanson A.dambrun.